vendredi 9 mars 2012

Niasse, le digne héritier de Senghor

Moustapha Niasse, SG Afp

Moustapha Niasse, Secrétaire général de l’Alliance des Forces et du Progrès (Afp) est candidat à l’élection présidentielle de 2012. Il en est à sa troisième tentative après 2000 et 2007. Son parcours scolaire et politique est retracé ici. Agé de 73 ans, Niasse va vers son dernier combat pour briguer le suffrage des sénégalais.

Ancien administrateur civil, devenu aujourd’hui politicien et homme d’affaires, Moustapha Niasse va vers son troisième essai à un scrutin présidentiel.
Cursus scolaire
Né le 04 novembre 1939 à Keur Madiabel, dans la région de Kaffrine, il se dit issu de la famille maraboutique d’El Hadj Omar Tall. Après des études primaires dans son village natal, il fréquente le lycée Faidherbe de Saint-Louis. Nanti d’une licence en droit après être passé par les facultés de droit de Dakar et de Paris II (Assas), il entre à l’Ecole nationale d’administration du Sénégal (ENAS). Il sort major en 1967 de la promotion André Peytavin (ancien ministre du président Senghor, d’origine française).
Le politique et l’homme d’affaires
Promu directeur de l’information et de la presse du Sénégal (1967-1970), il ne s’empêche pas d’intervenir à la radio  pour dénoncer les adversaires politiques de son parti. Il est aussi cité en exemple aux militants de son parti par le président Senghor qui fait de lui son directeur de cabinet pendant près de dix ans (1970-1979). Son travail lui permet également de côtoyer beaucoup de leaders africains de l’époque tels Hassan II du Maroc, Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso.
En 1979, Moustapha Niase entame une carrière ministérielle. Le 15 mars, il occupe le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Environnement pour six mois seulement. Il a sous sa tutelle les deux principales sociétés immobilières publiques, l’Office des habitations à loyer moderne (OHLM) et la société immobilière du Cap-Vert (SICAP), ce qui lui permet de faciliter l’accès à la propriété à nombre de militants de son parti.
Il gravit les échelons et devient ministre des Affaires Etrangères, le 19 septembre avant d’occuper la primature le temps d’une réforme constitutionnelle. Dix ans plus tard, il redevient ministre des Affaires Etrangères jusqu’en juillet 98. Il aura passé onze ans à ce poste.
Moustapha Niasse monte aussi un cabinet de consultation juridique, Cabinet Conseil International (CCI, 1984-1988), avec des experts français, anglais, américains, canadiens et africains. Puis, il crée en 1998 avec des partenaires saoudiens la société d’assurances Sosar-Al Amane. Il dirige également sa société de négoce de pétrole brut, International Trading Oil & Commodities (ITOC) ainsi qu’une autre société, Oryx, qui vend des produits pétroliers finis (gaz-oil, fuel domestique) au Sénégal, mais aussi en Guinée-Bissau, en Gambie, en guinée-Conakry et en Sierra-Leone.
La montée en puissance de « Battling Niasse », surnommé ainsi car il est un peu adepte de la langue de bois et souvent impulsif, suscite des jalousies au sein du Parti Socialiste (Ps), notamment celle du ministre d’Etat Jean Collin (décédé en 1993), inquiet de sa popularité grandissante et de surtout sa prospérité due aux activités florissantes de sa société (ITOC) spécialisée dans les hydrocarbures.
Ses nombreuses relations dans le monde arabe et sa générosité en font l’homme à abattre. Collin encourage en sous-main les initiatives visant à déstabiliser Niasse. Djibo Kâ, qui est alors ministre de l’information, se livre régulièrement à des attaques contre son ancien mentor, Moustapha Niasse, qui est alors directeur politique du Ps, lors des réunions du bureau politique. Le 08 octobre 1984, Kâ se lance, en présence de d’Abdou Diouf (secrétaire général du parti), dans un violent réquisitoire contre le ministre des Affaires Etrangères, qui est, selon lui, constamment en mission et qui ne peut pas s’occuper de la vie du parti.
En 1998, il rompt ses relations avec Diouf qui a choisi de faire de Ousmane Tanor Dieng son dauphin spirituel. Avec Abdou Diouf d’ailleurs, ce ne sera jamais le grand amour, lui le fils spirituel de Senghor qu’on voyait comme numéro 2 du régime.
De Johannesburg, il publie une lettre ouverte intitulée : « j’ai choisi l’espoir ». Lui, le « fils » de Senghor décide de rompre ainsi, les amarres avec le parti que celui-ci avait créé.
Avec l’ancien premier ministre français Michel Rocard, il crée l’ONG Afrique-Initiatives.
Il fonde avec d’autres dissidents l’Alliance des Forces et du Progrès (Afp). Il défend les couleurs de ce parti à l’élection présidentielle de 2000 et récolte 17%. Il sera « l’arbitre » en appelant à voter pour le candidat Wade, qui avait recueilli 32%.
Abdoulaye Wade élu, il le nomme aussitôt premier ministre. Il ne reste au poste que pendant 11 mois avant de regagner les rangs de l’opposition. En 2007, il se représente et voit son score chuter à 5%. Il déclare alors qu’il ne sera plus candidat à une présidentielle.
Si ces deux tentatives de conquérir la magistrature suprême ont été infructueuses, il se déploie avec plus de bonheur pour les différentes médiations que lui a confiées, le secrétaire général de l’Onu d’alors, Koffi Annan. Son engagement dans la région des Grands Lacs notamment en république démocratique du Congo, contribue à la stabilité de ce vaste pays.
Aujourd’hui, il est investi par la coalition Benno Siggil Sénégal composée de plusieurs hommes politiques et indépendants pour briguer un mandat à la magistrature suprême. Le seul grand poste qui lui manque. D’ailleurs s’il remporte ces élections, il ne compte faire qu’un mandat de cinq ans puis organiser une présidentielle.
Sa famille
Niasse est marié à Marianne Cissé. Il est père de six enfants dont quatre garçons et deux filles. Lorsqu’il en a le temps, il aime lire des essais politiques et des ouvrages historiques ainsi qu’écouter de la musique classique et celte. Il est un grand fan de Alain Stivel. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire