mardi 19 juillet 2011

ENTRETIEN AVEC FRANCOIS MENDY, RESPONSABLE NATIONAL DE LA JEC/S

« Nous accueillons une trentaine de pensionnaires … »
Beaucoup d’institutions sociales existent au Sénégal pour venir en aide aux nécessiteux. La JEC/S (Jeunesse Etudiante Catholique du Sénégal) en est une. Ce mouvement d’action catholique est dirigé par François Mendy depuis novembre 2009. Le responsable national des jécistes du Sénégal nous parle de son mouvement, notamment de sa naissance en passant par ses objectifs jusqu’aux différentes difficultés qu’il traverse. La JEC participe aujourd’hui amplement dans la formation sociale de la jeunesse.
Entretien…

Dites-nous que signifie JEC/S ?
C’est la Jeunesse Etudiante Catholique du Sénégal. Elle est un mouvement d’action catholique spécialisée dans le monde universitaire et scolaire. Elle regroupe en son sein tout individu désirant y adhérer sans distinction raciale, ethnique encore moins religieuse. .. (je coupe)
Vous dites sans distinction de l’appartenance religieuse alors que le sobriquet catholique figure sur le nom que porte votre mouvement. N’est-ce pas là un paradoxe ?
Ce n’est pas paradoxal. Nous n’épargnons personne. D’ailleurs, il y a des fédérations de la JEC qui sont composées de chrétiens comme de musulmans. Lorsque j’étais responsable de la fédération JEC de Kaolack, nous avions une fois accueilli nos confrères de Ndoffane qui sont composés de jeunes musulmans et catholiques.
La JEC est aujourd’hui une grande structure assez bien connue sur le plan international. Mais comment est-elle mise sur place ?
La Jeunesse Etudiante Catholique est née en 1925 en Belgique. Son initiateur est le Cardinal Joseph Cardjin sous l’appellation JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique) avec le slogan « Voir-Réfléchir –Agir ». Elle a vu le jour pour favoriser les conditions de vie des ouvriers au sortir de la première Guerre Mondiale où on assistait à une exploitation ouvrière.
Pourquoi ce changement d’appellation ?
Parce-que vu son importance, la JOC décide de s’étendre en milieu universitaire et scolaire sous un autre vocable (JEC). Le but est toujours le même d’autant plus que ces enfants qui sont sensés être soutenu sont des fils d’ouvriers. Ce changement a eu lieu en 1928 avec l’implication du Pape Pie XI. Un nouveau slogan est alors adopté « VOIR-JUGER-AGIR ».
Quels sont alors les objectifs de votre mouvement ?
Nous formons des jeunes pour qu’ils deviennent des leaders conscients et jouent leur rôle dans la société. Nous les initions dans les techniques de rédaction de procès verbal, de compte rendu, de rapport etc. La technique de réunion est aussi l’une de nos formations  parce-ce que comme vous le savez ce n’est pas n’importe comment qu’on dirige une réunion. Dans la JEC, il faut avoir un esprit critique, un esprit de service et un sens de la responsabilité. Le jéciste (membre de la JEC) doit être un modèle pour les autres. Il doit être missionnaire d’évangélisation dans son milieu.
Nous organisons souvent des débats autour des thèmes comme par exemple « la grossesse précoce » pour que ces jeunes sachent quels sont les enjeux et les conséquences sur pareil phénomène. Des fois aussi le débat peut porter sur « l’éducation inclusive » c'est-à-dire une  éducation pour tous et non pour une catégorie de personne. Là nous pensons aux handicapés.
Et quand est-ce que votre mouvement s’est installé au Sénégal ?
Elle est présente au Sénégal depuis 1950 et sera reconnu en 1954 par le mouvement colonial en place. Et ce n’est qu’en 1961 que la JEC est officiellement reconnu par le gouvernement. C’est ici même à Dakar ancienne capitale de l’AOF (Afrique Occidentale Française) en 1998 que s’est tenu son 1er conseil mondial pour étendre les bases du mouvement. Cette rencontre permit d’expliquer les fonctionnements et les origines de ladite structure.
Comment se compose l’organigramme de la JEC ?
Au sein de la Jeunesse Etudiante Catholique, nous avons à sa tête la JEC/Internationale qui a son siège à Paris et secondée par la JEC/Panafricaine qui se trouve à Nairobi. A la troisième position vient JEC/AOF. Et c’est le Conseil national qui boucle ce quatuor.
Lors de vos assemblées générales ou autre rencontre les jécistes sont toujours munis chacun d’un foulard bleu-blanc. Qu’elle est la signification de ce châle ?
Au fait sont les couleurs (bleu et blanc) de notre foulard qui priment. Il y a aussi le logo qui y est imprimé. Le blanc symbolise la pureté, la clarté, la lumière car nous sommes dans un monde plein de problèmes. Le bleu signifie la couleur de l’eau qui est une source de vie. Quant au logo, il est composé d’une croix et d’un épi de blé. La croix traduit notre amour au Christ et que nous sommes des apôtres prêts à annoncer la bonne nouvelle à nos frères. L’épi de blé symbolise la nourriture qui donne une force de vie.
Pour quiconque qui veut adhérer à votre mouvement, quelles conditions doit-il remplir ?
Il suffit tout simplement d’avoir le minimum de collège c'est-à-dire être en classe de sixième.
Pourquoi fixer un niveau d’études ? Mais aussi est-ce qu’il y a des frais d’adhésion à verser ?
Vous savez le travail qui se fait au niveau de la JEC nécessite beaucoup de réflexions. C’est pourquoi le bas-âge n’est pas trop sollicité. Parlant des frais d’adhésion, ce n’est pas une recommandation d’autant plus cela n’est inscrit nulle part dans les textes de la JEC. Mais il faut noter que des fédérations comme celles de Louga demandent cinq cent francs CFA (500f). C’est juste pour avoir quelques fonds leur permettant de bien dérouler leur plan d’action.
Est-ce que la JEC/S rencontre des problèmes dans son fonctionnement ?
Beaucoup même. Notre majeure difficulté c’est la finance. Nous fonctionnons douze mois sur douze sans subvention de l’Etat. Heureusement que la Direction Centrale des Œuvres qui est notre tutrice est notre principal bailleur. Elle nous vient en aide sur tous les plans. Hormis ça, il y a un manque de leadership au niveau local.
Avez-vous pensez à prendre des initiatives pour régler ce problème qui règne au niveau local ?
Bien sûr. Nous avons déjà mis à leurs dispositions des accompagnateurs et des conseillers religieux.
Hormis la formation, qu’est ce que votre structure fait pour ces jeunes ?
Nous avons un centre d’accueil appelé « Le bon samaritain » sis à Fass casier. Il accueille une trentaine de pensionnaires, élèves ou étudiants. C’est un centre à vocation sociale. Musulmans comme chrétiens peuvent y être accueillis. Mais nous favorisons les jeunes issus d’une famille démunie et les orphelins.



Propos recueillis par Jean Pierre L. T. SAMBOU