vendredi 17 août 2012

MARCHÉ HEBDO DE BOKHOL : « GOWÉ » ET PATATE DOUCE MARQUENT LEUR PÉRIODE


La vente de la patate douce et de l’encens marchent très forte à Bokhol, village situé à 11 kilomètres de Dagana. Cette zone se nourrit presque que de ses produits agricoles.

Lorsque la production de l’oignon ou de la tomate diminue, celle de la patate et même de l’encens jouent les premiers rôles. La patate fait partie de ces produits agricoles qui envahissent le marché hebdomadaire de Bokhol. Sa culture se fait en période hivernale comme en saison sèche.
Ce lundi, au marché hebdo de Bokhol, marchands et clients venus de partout envahissent les lieux. Sous un soleil assez brillant, les commerçants s’affairent aux derniers réglages de l’étalage de leurs produits. Quant à la clientèle, certains ont déjà commencé à s’acheter ce dont ils ont besoin. D’autres rodent encore autour des expositions des marchandises. Certes, pour trouver le meilleur produit qui leur convient.
A cet instant même, Ismaïla Gnigue, range ses sacs de patates déjà payés. Cet homme, la cinquantaine atteinte, est un habitué du marché. « C’est ici que je paie toujours mes marchandises », avance t-il. Selon ce « bana-bana », qui vient de Thiès, c’est là où on peut trouver divers produits agricoles à prix intéressant. Ismaïla paye des multitudes de sacs de patates qu’il achemine vers Thiès grâce à un camion. Cette locomotive est toujours à sa disposition, raison pour laquelle il s’approvisionne toujours en grande quantité. « J’achète toujours une trentaine voire une quarantaine de sacs de patate. Le sac coûte 7500f CFA et nous, nous le revendons après entre 10 000 et 11 000f. En fait, ce prix dépend de la période », précise t-il. Le gros problème que rencontrent ces « bana-bana », est la longue distance. La plupart d’entre eux viennent de Dakar et Thiès. Hormis ce cas, une énorme quantité de patate pourrit en cours de route surtout en cette période où il fait très chaud. Avec les camions, ces commerçants mettent beaucoup de temps pour arriver à destination. Ceux qui utilisent les transports en commun, c’est ceux qui payent juste une dizaine de sacs de patates.
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que la culture de la patate douce dans le Walo est pour la plupart une activité réservée aux femmes. Elles n’hésitent pas à se rendre au marché pour évacuer leurs produits. Seynabou Fall, productrice, depuis près de six ans explique comment se passe le commerce de leurs denrées. « Si toutefois après la récolte, la patate n’est pas encore épuisée on est obligé de l’amener au marché avant qu’elle ne pourrisse », soutient la dame. Cet exercice agricole est pour ces femmes le seul moyen de gagner un peu d’argent. « C’est grâce à cette activité que nous gagnons notre vie. D’ailleurs, nous cultivons ici tous les douze mois », dixit Seynabou. En saison hivernale, sont naturellement les eaux de pluie qui arrosent leurs champs de patate. Et lors de la saison sèche, c’est le système d’irrigation qui facilite les activités.
Même si avec cette culture leur gap alimentaire et financier est moyennement réglé, ces productrices se désolent des dures conditions de travail. « La production de la patate douce est trop dure. Elle demande beaucoup de temps. Parfois, nous n’avons même pas le temps d’entretenir notre foyer », explique une d’elles trouvée devant son amas de patate. La bassine coûte 3500f. Et rare sont les hommes qui se font remarquer dans ce dynamisme.
L’encens est aussi exploité à Bokhol. Il est tiré d’une plante qui pousse dans les zones marécageuses. « Gowé », comme on l’appelle en Wolof, attire pas mal de clients, les femmes en général.  Parmi eux, on note ceux qui achètent pour ensuite revendre et ceux qui se payent juste une quantité moyenne pour s’en servir à la maison. Ce produit est beaucoup développé dans cette zone. Son prix de vente revient à 500f le pot (1kg). Les clients viennent aussi des mêmes horizons, Dakar, Thiès, Richard-Toll entre autres.
Le commerce de cette matière n’est pas de nos jours aussi florissant selon beaucoup de producteurs. Pour Khalidou Bâ, « aujourd’hui vu la cherté de la vie, les gens sont plus préoccupés par se trouver d’abord de la nourriture ». Les agents des Eaux et forêts sont ces Hommes que n’aimeraient pas rencontrer en cours de route ces grands commerçants. « Nous rencontrons d’énormes difficultés lors de nos voyages. Les agents des Eaux et forêts nous interpellent à chacun de leur check-point pour nous réclamer des taxes, soit 15f le kilo », se désole Mamadou Bâ.
Aujourd’hui, ces commerçants qui s’activent dans la vente de l’encens unis comme un seul homme lancent un cri de cœur au gouvernement. « L’Etat doit penser à nous. Il faut que les gens sachent que l’encens est un produit de notre culture, c’est une richesse à préserver. Nous souhaitons que le gouvernement nous soutiennent en ouvrant pourquoi pas une usine de transformation de ce produit », martèle t-il Mamadou Bâ. Cette usine que rêvent ces producteurs peut créer des emplois aux jeunes si jamais elle voit le jour.

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