mercredi 15 juin 2011

Entre insalubrité et occupation inégale


eau stagnante entre pavillon H et N
Plus d’un millier d’étudiants logent au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans cette entité, nous trouvons des restaurants à titre privé. Des boutiques, des salons de coiffure entre autres, ornent le décor du campus, sans oublier les ordures qui trainent un peu partout.
La jolie cité des garçons devient de plus en plus dense. Elle est aujourd’hui très fréquentée. La plupart, ne sont pas des étudiants. Certains viennent y vendre divers produits pour gagner leur vie. D’autres sont justes de « petits mendiants ». Les étudiants partagent leur cadre de vie avec ces étrangers. Mais « difficile de vivre aux côtés de nos hôtes », se désole Moussa, étudiant en Licence 3 à la faculté des sciences juridiques et politiques.
 « La plupart d’entre eux occupent illégalement des espaces», poursuit-il. Le fait le plus marquant, c’est l’insalubrité qui règne autour des pavillons J, K et L. Ici, se trouvent des coiffeurs.
Trouvé en face du pavillon M, Mamadou Badji, étudiant en Histoire, explique que « ceux qui coiffent ici, les uns sont étudiants et d’autres non ». Ces coiffeurs occupent un espace dans une intimité illégale. Ils se mettent par rangée. Installent chacun une chaise pour son client. Leur siège est dépourvu de clôture. Ni même un toit pour barrer le soleil. Malgré ce lieu malsain, la majeure partie des étudiants préfèrent y venir « se faire beau ». «Je préfère me raser auprès d’eux, parce qu’ils ont un prix (200f CFA) beaucoup plus abordable. Certes ils sont là d’une manière illicite et salissent notre milieu, mais je crois que c’est aux autorités du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) de les déguerpir ».
Les coiffeurs illégaux du campus universitaire se sont pris ces derniers jours aux hommes de Sitor Ndour, actuel directeur du COUD. Ces derniers voulaient les expulser de ces lieux. Selon M. Badji, « nos chers coiffeurs doivent faire comme tous leurs confrères. C'est-à-dire déposer une demande auprès du directeur du Coud pour bénéficier d’une surface légale ».
En tout cas, chaque année ils sont là. Souvent la chevelure coiffée traine un peu partout. Ce qui peut même causer des maladies. Il faut noter que ces coiffeurs sont toujours soutenus par les étudiants à chaque fois que les autorités tentent de les virer. Hormis tout ça, lors des heures de pause leur bruit dérange ceux qui logent environs. Ils ne sont pas les seuls à occuper des espaces sans autorisation du Coud. 

lingerie à côté du pavillon N
A côté du pavillon N, un groupe de femmes se réunit tous les jours. C’est là, où se dresse une « entreprise » de lingerie. Cette base est toujours ornée d’habits sales des clients. Les chemises et pantalons séchés sur la ligne laissent un joli décor. Les couleurs des habits déjà lingés qui brillent, sont parfois très admirables. Malgré ce beau travail, la place qu’occupent ces femmes est aussi d’une acquisition illégale. Les femmes versent à côté l’eau sale des vêtements qu’elles lavent. « Non seulement elles ne payent pas pour occuper cet endroit, elles se permettent de verser dans tous les sens l’eau utilisée pour leur linge », peste un étudiant. Ces femmes changent très souvent de lieu.
A leurs côtés comme par coïncidence, un gros tas de poubelle inaugure le lieu. Les eaux usées qui tombent des douches de ce pavillon forment un oasis. «Ça pue » s’exclame une passante.
Certains étudiants fustigent aussi ces « dahiras » (lieu de récital de versets du Saint Coran) instaurés un peu partout au sein du campus social. « Aujourd’hui, mêmes les espaces nus de certains pavillons sont utilisés comme des lieux de culte, alors qu’une mosquée est là », laisse entendre Ablaye Cissé. Cette idée Modou Gadiaga ne la partage pas. Habillé en boubou blanc, il soutient qu’ « il y a trop de polémiques au sein de la mosquée. Les Ibadous veulent se l’approprier. Je crois que c’est la cause pour laquelle chaque groupe préfère se retirer ».
Malgré cette occupation illégale de l’espace social, où l’insalubrité et la pollution règnent, les étudiants ne se plaignent pas, car faisant de bons chiffres d’affaires. Cette situation de commercialisation dans le milieu universitaire doit pousser les autorités du COUD et étatiques à prendre des mesures afin de stopper ce phénomène qui n’honore pas le Sénégal.

SAMBOU L. T.

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